Réflexions sur les fonctions cognitives

Petit essai personnel sur la spiritualité

En tant qu’INTJ, je possède une proximité naturelle avec l’univers de l’inconscient et des symboles. Je me passionne depuis longtemps pour les états modifiés de conscience, tels que les rêves lucides ou l’hypnose. Je suis sensible aux énergies que dégagent les gens, bien que j’évite d’en parler d’ordinaire. Au cours de ma vie, j’ai eu la chance de vivre un certain nombre d’expériences particulières et d’explorer une mystérieuse part de mon être : ma spiritualité. Bien sûr, je ne suis pas une experte. Je pense de toute manière que c’est le genre de domaine où l’on reste éternellement aspirant. Toutefois, je commence à avoir accumulé suffisamment de pratique pour dégager des réflexions qui, je l’espère, pourraient être utiles à ceux qui s’intéressent au sujet.

Dans ce dossier, je vais tout d’abord parler de mon expérience, puis présenter des théories personnelles et fournir quelques conseils.

Mon expérience

Je ne donnerai pas ici de détails sur ma pratique du quotidien, car j’estime cela trop intime. Cependant, histoire d’apporter de la matière à l’article, j’ai choisi de vous raconter quelques souvenirs marquants dans mon cheminement spirituel.

L’une de mes premières expériences spirituelles marquante s’est produite dans le cadre du scoutisme. (Car oui, j’ai été chez les scouts pendant 8 ans. Ils m’ont recueillie et élevée dans la forêt comme leur propre enfant.) Lors d’un de mes camps, alors que nous nous installions dans une clairière pour dormir à la belle étoile, mes camarades et moi avons découvert un ciel extraordinaire. Il n’y avait aucun nuage. Dans la voûte céleste, des centaines d’astres étaient visibles, des trainées brillantes resplendissaient au loin, et des étoiles filantes passaient régulièrement devant nos yeux. En plus de camper dans une zone préservée de toute pollution lumineuse, un événement spécial se produisait sans doute sur le calendrier astronomique… Je m’en suis un peu voulu de ne pas avoir étudié davantage le sujet avant de venir. Bref. Tout le monde s’est posé dans l’herbe et a contemplé le spectacle en fermant sa bouche (ou en l’ouvrant en très grand, c’est selon).

Ce que j’ai ressenti à ce moment-là est difficile à décrire. Mais je suis sûre que vous connaissez ce sentiment : le sentiment vertigineux d’être une particule minuscule au milieu de l’immensité d’un univers dont on ignore tout. Un sentiment qui vous enivre, vous engloutit, et vous fait perdre la notion de tout pendant un instant. L’envers, l’endroit, le début, la fin : plus rien n’existe, plus rien n’a de sens…

D’autres expériences du même ordre me sont arrivées au cours de mes retraites dans les bois. A chaque camp, nous avions une tradition lors de la dernière nuit avant le retour chez nous : il fallait que le feu soit entretenu jusqu’au matin. Pour cela, les scouts se relayaient en tours de garde d’une heure. Comme je ne savais pas m’imposer, je finissais toujours avec les tours dont personne ne voulait, c’est-à-dire ceux entre 2h et 4h du matin. (Te faire secouer dans ton duvet et devoir enfiler tes chaussures mouillées à cette heure-là, ça pique.) Pendant l’une de ces veillées, à l’âge de 14 ans, j’étais assise en tailleur autour du feu avec mes camarades de ronde. Nous étions un groupe de 4-5 personnes, parmi lesquelles figuraient des aînées que je considérais comme mes mentors. A un moment, j’ai cligné des yeux. Là, j’ai réalisé qu’une heure venait de s’écouler. Les autres m’ont expliqué que j’avais passé la garde à fixer les flammes sans bouger. Elles avaient essayé de me parler, mais je ne répondais rien. Voyant que j’étais dans un état second, elles avaient décidé de me laisser tranquille. Je leur en suis encore très reconnaissante.

Je n’ai jamais réussi à me souvenir de ce qu’il s’était passé cette nuit-là, au cœur de l’ombre et du silence… C’est comme si j’avais oublié ma propre existence. En « revenant » parmi les autres, j’étais envahie par une sensation extrêmement puissante. Comme si mon corps avait été transpercé par quelque chose de bien plus grand que moi. Ça m’empoignait le corps et l’âme. J’en ai chialé plusieurs nuits, et cela peut encore m’arriver quand j’y pense. En fait, cette sensation était familière. Je devais être à l’école maternelle la première fois que je l’ai ressentie. Elle est ensuite revenu de temps en temps au long de ma vie, en particulier dans les moments de grande détresse. Elle s’est affinée, amplifiée, a appris à se manifester sous plusieurs formes. Elle grandit avec moi.

Le concept d’entéléchie décrit bien cette « chose » à mon sens. L’entéléchie est la transformation de la puissance en acte : dans un sens moderne, cela désigne le processus par lequel un objet (ou un individu) passe de son état brut à son état de perfection ultime. L’intuition introvertie est comme une énergie me poussant inexorablement à poursuivre ma voie. Je ne sais pas à quoi ressemble la meilleure version de moi, mais je sens que quelque chose à l’intérieur essaye de me donner tous les moyens de le découvrir. A mon rythme. A ma manière.

J’ai souvent eu l’impression que mon intuition introvertie était à la fois « Moi » et une identité distincte. D’une part, elle épouse parfaitement chaque aspérité de mon être. D’autre part, elle agit en moi avec une telle force, une telle volonté inflexible et une telle douceur infinie en même temps… Sur le coup, je n’ai pas l’impression que tout cela puisse provenir uniquement de moi ! De plus, il arrive que la magie disparaisse, pendant des heures, des jours… Et alors, je ne sais plus comment me rendre dans mon « sanctuaire ». (La zone à l’intérieur de moi-même où je me sens totalement en sécurité, dans laquelle je passe mes séances d’hypnose et de méditation.) Il y a des jours où je peux entrer et sortir du sanctuaire comme un couteau dans du beurre, d’autres jours où je n’ai aucune idée de comment m’y rendre. Ce n’est pas grave, car je sais que cela finira toujours par revenir. Cette « chose » est liée à moi aussi intimement que le sang qui coule dans mes veines. Je ne crois pas en Dieu, ni aux esprits ou aux anges gardiens : je crois seulement en la capacité incroyable du cerveau humain à produire des résultats par l’autosuggestion. Mais ô comme je comprends que certains nomment « Dieu » cette force intérieure.

Néanmoins, en tant qu’INTJ, cette part de moi est contrebalancée par un besoin presque aussi fort de rationalité. (Et heureusement, parce que sinon je verrais des signes cosmiques partout et je serais à la merci du premier gourou venu.) Il n’a pas toujours été facile de contenter les deux à la fois. Que faire lorsque l’appel à assumer pleinement Ni nous tiraille jour et nuit, tandis que Te détruit toute pensée un peu trop mystique à son goût à coups de faits, de statistiques et de rigueur scientifique ? Pour ma part, c’est la conscientisation de Fi, faisant contrepoids à Te comme Te l’a fait auparavant avec Ni, qui m’a aidé à clarifier la situation.

Rompre la polarité rationnel-spirituel

J’ai remarqué autour de moi une tendance forte à opposer rationalité et spiritualité. Comme si dans la vie, il fallait choisir entre être un sceptique absolu, allergique à toute chose qui n’est pas étayée par des études, revue par les pairs et publiée dans Nature, ou bien, un mystique totalement perché qui a foi en tout ce qu’il croise tant que ça « entre en résonnance avec son énergie ». D’ailleurs, j’ai déjà croisé la route de personnes ayant basculé d’un pôle à l’autre au cours de leur vie, reniant ce qu’elles avaient été autrefois. De leur point de vue, elles avaient eu tort toute leur vie d’avant, puis avaient enfin découvert la vérité, la VRAIE façon de percevoir le monde.

Je ne crois pas que le rationnel et le spirituel soient opposés. Je les perçois plutôt comme complémentaires. Je pense qu’il est tout à fait possible de les faire cohabiter en harmonie dans un seul individu, voire même de les fusionner pour former un objet plus complet. Ce qu’il faut comprendre, les petits amis, c’est que l’homo sapiens (comme tous les animaux) est une espèce fondamentalement irrationnelle. Subjective. Pulsionnelle. Bref, un humain, basiquement, ça a besoin de croire en des trucs. Ce n’est pas pour rien que plus de la moitié des gens sur la planète pensent qu’une ou plusieurs entités divines ont créé l’univers. Et ce n’est qu’une forme de croyance parmi d’autres !

Certes, vous pouvez tenter de contrôler votre instinct – pas toujours constructif – et de dépasser vos croyances. En dialoguant avec votre prochain au lieu de lui mettre un coup de pied au tibia quand il vous a contrarié. En étudiant les méthodes scientifiques. En musclant votre esprit critique et en arrêtant de partager tout ce que vous trouvez avant d’avoir vérifié la source. C’est une excellente idée et je vous recommande fortement de la suivre, pour votre hygiène mentale et celle de votre entourage. Par contre, il est illusoire de penser que ces initiatives vont vous débarrasser pour de bon de votre nature profonde.

(Une minute de silence pour les Ti-dom qui vont faire des cauchemars après cette lecture.)

Un jour, vous allez oublier de réfléchir et foncer dans le tas. Un jour, ce sera trop dur pour votre ego d’admettre certaines choses, et vous serez dans le déni ou le rejet. Et ça ne sera pas grave : ça voudra juste dire que vous êtes humain. En revanche, ce jour-là, si vous êtes persuadés d’être libérés de tout affect, vous serez d’autant plus enclins à vous enfoncer aveuglément dans des contradictions bien grasses… Comment s’en sortir, dans ce cas ? Parfois, la décision la plus rationnelle est d’accorder une place à sa part irrationnelle. Si vous essayez de contenir votre besoin de croyance et de magie au fond de vous, il reviendra vous exploser à la tronche de façon incontrôlable tôt ou tard. Et là, ça sera moche, croyez-moi. C’est comme ça que d’éminents scientifiques finissent leur carrière dans une secte prônant la panacée par le jus détox. (D’ailleurs, on a donné un nom à ce phénomène : la maladie du prix Nobel !)

« Mais enfin, La Chouette ! Comment peut-on adhérer à des pratiques alors qu’on sait très bien que ça ne marche pas ? C’est la science qui le dit ! ». En général, les études ne disent pas que telle méthode ésotérique/pseudo-médicale ne fonctionne pas : elles disent qu’elle ne produit pas d’effet supérieur à celui observé dans le groupe placebo. L’effet Placebo, ce n’est pas une absence d’effet. Il se passe concrètement quelque chose dans le cerveau, lors d’un effet Placebo. De la même manière, si l’on place une personne en état de transe chamanique dans un scanner, ça fait swinger les données. (Sérieusement, y’a des gens qui ont essayé.) Certes, tout cela ne soigne pas le cancer et le sida, ni même le rhume que vous vous traînez depuis la semaine dernière… Mais franchement, vous ne trouvez pas super cool que vous cerveau soit capable de vous donner l’impression d’aller mieux à partir de RIEN ? (Aucun principe actif, en tout cas.) Vous imaginez si on trouvait un moyen d’optimiser ça ? Moi en tout cas, ça me donne envie de tester des trucs.

Attention ! Comme je l’ai expliqué, passer outre la polarité rationel-irrationnel n’est pas une voie que choisissent de suivre massivement les « spiritualistes ». Ainsi, beaucoup d’entre eux éprouvent du mépris pour la logique, les faits ou même la recherche de cohérence… Si vous êtes de type T (ou avez une fonction T très active), votre fonctionnement en lui-même sera vu par ces gens comme une manifestation d’immaturité, voire d’infériorité. On s’adressera à vous d’un ton mielleux, vous considérant comme une brebis égarée qui n’a pas encore vu la Lumière. Il faudra vous habituer à ça : vous aurez du mal à trouver des interlocuteurs ouverts à votre approche. De fait, vous évoluerez principalement en solitaire. Toutefois, nous allons voir que cela n’empêche pas de développer une pratique enrichissante.

Explorer sa spiritualité : en pratique

Vous souhaitez vous éveiller davantage à la spiritualité ? Commencez par l’intégrer dans votre quotidien. Cela nécessite de l’auto-discipline (sans avoir besoin d’être un moine ascète non plus !), de la patience et de nombreuses recherches. Mais surtout, c’est une ouverture à un terrain de jeu qui n’appartient qu’à vous, avec votre imagination pour seule limite.

Travailler son ancrage

Parmi les enseignements du scoutisme et des arts martiaux – qui sont mes deux gros piliers philosophiques -, on retrouve beaucoup la notion d’« esprit sain dans un corps sain ». C’est pour moi une base à toute pratique spirituelle, qui est trop souvent négligée. Méditer entre deux gueules de bois, c’est aussi cohérent que de vous enfilez un paquet de clope après votre séance de course à pied. La spiritualité, en tout cas telle que je la conçois, n’est pas un état qu’on invoque 20 minutes par mois (« Comme j’ai la flemme de réviser, je pratique la combustion rituelle des feuilles de laurier pour réussir mes examens ») : c’est quelque chose qui se vit au quotidien. Sans avoir besoin d’y penser 24h/24, on organise sa vie de sorte à lui laisser de l’espace pour éclore. On ménage des moments durant lesquels elle va pouvoir s’exprimer. Ceci est particulièrement valable pour les types NJ : comme je l’avais expliqué ici, l’intuition introvertie est une fonction avec un tempo lent, qui a besoin de beaucoup de calme et de temps pour travailler.

Tout cela ne doit pas nécessairement être compliqué ou cérémonieux. On peut être spirituel en arrosant ses plantes ou en faisant cuir son riz ! Si par nature vous êtes détaché de votre environnement et de votre corps, porter attention à ce que font vos mains est un acte spécial en soi. Parfois, préparer du thé ou contempler le coucher du soleil a plus de sens pour quelqu’un qu’appliquer je-ne-sais-quels préceptes millénaires. A l’inverse, certaines personnes ont besoin de rituels très élaborés, afin de sentir une coupure nette avec leur quotidien.

Pour favoriser ces moments, il est nécessaire de trouver un rythme constructif. Ne pas se coucher trop tard. Ne pas traîner toute la journée au lit. Manger équilibré, en quantité adaptée et selon des tranches horaires fixes. Evoluer dans un environnement un minimum propre et rangé. Ne pas se bourrer ou se shooter régulièrement. Si cet ancrage n’est pas mis en place, la pratique pourra être difficile d’accès, voire dangereuse. En effet, un corps déphasé n’est pas forcément apte à encaisser certaines expériences psycho-spirituelles. S’il n’est pas possible de suivre un rythme sain pour une raison X ou Y (vous travaillez de nuit, vous avez des problèmes médicaux, vous souffrez de boulimie, vous avez du mal à joindre les deux bouts…), la priorité devrait aller soit au rétablissement d’une situation plus favorable, soit à la création d’un ancrage qui vous est propre en intégrant les obstacles de votre quotidien. Par exemple, si vous passez la plupart de votre temps au lit à cause d’une maladie chronique, vous aurez un rythme différent et une définition personnelle d’un « temps d’activité ».

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas se comparer aux autres et se mettre la pression par rapport à eux. L’essentiel est de faire de son mieux, et de se rappeler que c’est notre progression par rapport à nous-même qui a du sens. J’ai passé 8 ans à me comparer aux autres au dojo, alors que je suis dyspraxique (comme beaucoup d’autistes) : évidemment, je me sentais nulle. J’apprends lentement, j’ai besoin que l’on m’explique les choses d’une manière particulière, sans quoi je ne comprends rien… Je n’ai jamais réussi à suivre un cours de poomse au taekwondo, et j’ai mis une année entière pour apprendre les mouvements de base d’un kata de karaté. (Note : les poomse et les katas sont des enchaînements martiaux codifiés.) Et je ne parle pas de renforcer les postures ou d’affiner les coups, non : juste d’intégrer là où je devais vaguement placer mes pieds et mes mains. A maintes reprises, je me suis sentie coupable : coupable de ralentir le cours, coupable de ne pas être conforme aux méthodes d’enseignement classiques, coupable que le maître m’ait attribué une ceinture noire de taekwondo alors que je ne saurais refaire pratiquement aucun poomse… Je ne compte pas le nombre de crises d’angoisse que j’ai faites dans le couloir, en m’enfonçant dans cette culpabilité. Aujourd’hui j’ai totalement résolu ce problème et… Nan, je déconne. C’est un travail de longue haleine : reposez-moi la question dans 10 ans. Pour l’instant, je vous partage seulement mon idéal à atteindre.

Être authentique et créatif

Certaines personnes éprouvent du soulagement, voire de la fierté, lorsqu’elles réalisent qu’elles sortent du moule : peut-être est-ce vrai pour vous, qui me lisez. Dans ce cas, vous allez sans doute trouver ce qui suit complètement évident. Mais pour un utilisateur de Te comme moi, sortir du moule, c’est angoissant. Si je n’entre pas dans le moule, où puis-je me réfugier ? Ironiquement, la vie n’a jamais eu de cesse de me rappeler que je n’étais pas quelqu’un de « normal ». Dans tout ce que j’ai entrepris, j’ai fini par me heurter à ce constat. Peu importe la résistance que j’y mettais ; et dieu sait que j’en ai mis ! Ce fut la même chose avec la spiritualité. J’ai survolé pas mal de domaines en ésotérisme. De la sorcellerie à la lithothérapie, en passant par les soins à l’Iboga, les médiums et autres chamans. Durant mes pérégrinations éditoriales, je me suis même retrouvée à travailler pour un écrivain/maître yogi ESTP et à lire les « cours de magie kabbalistiques secrets feat anges gardiens, invocations d’élémentaires et cartomancie » d’un groupe plus ou moins sectaire. (Je me suis demandé plusieurs fois si je ne lisais pas un manuel de Pathfinder, en plus compliqué.)

A aucun moment, au cours de mes lectures et discussions, je ne me suis identifiée à ces pratiques. J’ai fini par accepter qu’une fois encore, je serais incapable d’adhérer à une structure préexistante : pour que ma spiritualité grandisse, il fallait que l’invente. Que je picore les données qui m’intriguent, que je les laisse reposer, jusqu’à ce que mon intuition introvertie me ponde une synthèse constructive (en ayant pris soin de faire coller le tout à mon âme exaltée). Je continue encore aujourd’hui de construire cela, petit à petit. Je pense que beaucoup de gens gagneraient à essayer de bâtir leur propre système de croyances, plutôt que se forcer à entrer dans une discipline qui ne leur convient qu’à moitié. Soyons réalistes : il y a de nombreuses situations où il est plus sage de fermer sa gueule et de rentrer dans le rang. (En tout cas, si vous voulez avoir la paix, votre diplôme ou vos allocs.) Mais là, on parle de vos croyances, de ce qui fait vibrer votre petit kokoro et vous donne une raison de vous lever le matin : il n’y a rien de plus personnel que cela !

J’ai croisé moult individus se disant peu ou prou : « J’ai envie de me pencher vers tel domaine, mais apparemment cela implique de croire en les esprits de la nature. Or je n’y crois pas vraiment. Devrais-je me forcer pour pouvoir pratiquer le reste ? ». Je vais vous dire une chose : on s’en branle. La question n’est pas de savoir si le panthéon nordique, les fantômes ou les petits lutins des bois existent. La question, c’est de savoir si votre pratique produit des résultats. Est-ce que ça vous apporte quelque chose ? Est-ce que vous en ressentez le besoin ? Est-ce que ça vous fait du bien ? Est-ce que c’est sans danger pour votre intégrité et celle des autres ? Très bien : faites-le.

Porter votre pendentif en cornaline vous rend moins nerveux pendant vos exposés ? Portez-le. Tracer des cercles de sel par terre pour purifier votre intérieur, ça vous fait kiffer ? Tracez-les. Méditer en tailleur ça ne marche pas avec vous, vous préférez méditer en forêt à dos de poney ? Méditez comme ça vous chante. Une pratique vous inspire, mais vous souhaitez la réinterpréter à votre sauce ? Allez-y, bon sang ! La Brigade de la Spi ne va pas débarquer dans votre salon en beuglant : « Monsieur, Madame, vous utilisez un pendule de radiesthésie pour faire autre chose que de la radiesthésie. Un seul châtiment est à la hauteur de votre dissidence : LA MORT ! ». Evidemment, si votre but est de vous intégrer dans une communauté de pratiquants, il y a des principes (plus ou moins gravés dans la pierre) auxquels vous devrez adhérer. Mais si vous êtes tout seul chez vous et que vous ne faites de mal à personne, il n’y a aucune raison logique de tergiverser : faites ce que vous voulez. Assumez-vous. Inventez-vous. Personne ne vous regarde et en plus tout le monde s’en fout !

Et si la spiritualité vous ennuie, regardez le Seigneur des Anneaux, ça devrait bien se passer.

La Chouette

Réflexions sur les fonctions cognitives

Les types TJ, ou vivre avec une conscience de soi défectueuse

L’année de mon bac, j’ai décidé de devenir éditrice. Je pensais que ce métier était fait pour moi. Que je l’aimais. Cinq ans plus tard, je suis sortie de l’université avec un Master mention Bien et un CV généreusement garni. J’avais eu la chance de travailler avec une pointure scientifique au cours de mes stages, qui m’avait inspiré mon sujet de mémoire de dernière année. Si au détour d’une excursion au Muséum National d’Histoire Naturelle vous croisez un grand poster de l’arbre phylogénétique, sachez que j’en ai conçu et dessiné les plans : c’est mon bébé ! Mon diplôme en poche et mes multiples expériences professionnelles derrière moi, je me sentais prête à exercer ma profession.

A cette même date, la quasi-totalité de mes connaissances FP s’étaient réorientées au moins une fois. Certaines n’avaient aucun diplôme post-bac, car elles avaient passé leur temps à changer de filière ou à redoubler des classes inadaptées à leurs aspirations. Les FP m’ont souvent idéalisée. « C’est facile de faire ça avec ton Te ! », « Les TJ sont vraiment super équipés dans la vie ! », « Mon Fi-dom ne sert à rien… Tu me l’échanges contre ton Te ? », m’ont-ils déclaré à de nombreuses reprises, en constatant leur difficulté à bâtir et exécuter un plan comparé à moi… On dit qu’on réalise la valeur de quelque chose seulement une fois qu’elle nous manque. En l’occurrence, les hauts utilisateurs de Fi disposent de capacités qui me font défaut. Finalement, eux et moi arrivons le plus souvent au même point, en se cognant juste à des endroits différents.

Les TJ donnent l’impression de savoir exactement ce qu’ils veulent et de toujours se donner les moyens de l’atteindre, quels que soient les obstacles à franchir. A tel point que l’on tend à taxer automatiquement de TJ les personnalités remarquables par leur longue liste d’accomplissements ou leur élévation sociale fulgurante. (Quand bien même les TJ ne détiennent pas le monopole dans ce domaine – même s’ils y sont sans doute surreprésentés.) Aujourd’hui, je vous propose une autre lecture du fonctionnement TJ. Et si vous disais qu’en réalité, les TJ ne savent pas ce qu’ils veulent ? Qu’ils déploient leur énergie à accomplir une to do list à l’échelle de leur vie avant d’en évaluer véritablement la pertinence… et qu’ils en payent tôt ou tard le prix ?

On a pu accomplir tout ce qu’on a accompli, parce qu’on ne réalisait pas combien ça faisait mal avant de tomber d’épuisement. Le voilà, votre fantasme du self-made man.

Je suis une femme INTJ âgée d’environ un quart de siècle. C’est la période durant laquelle la plupart des INTJ et ISTJ conscientisent mieux leurs sentiments et leur identité. Chez nous, la fonction « sentiment introverti » (Fi), permettant de se connecter à nos valeurs intimes, est en troisième place dans notre pile de fonctions cognitives. Je la surnomme « la place vicieuse », puisqu’elle représente une part de nous-mêmes qui est trop importante pour être totalement ignorée, mais en même temps, trop faible pour nous paraître familière. En clair, on se surprend à y prêter attention, mais on la comprend mal et on ne sait pas vraiment quoi faire avec. En schématisant, cela donne quelque chose comme ça :

Je m’appuie sur un système de valeurs simple, car je perds vite patience à le questionner et le réorganiser. « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse », « Respecte l’environnement autant que possible », « Rembourse tes dettes », etc. Les notions de Bien et de Mal me paraissent étrangères, puisqu’il est impossible de les mesurer de manière précise, avec un système stable et universel. Il n’existe pas de « valeuromètre », qu’on apposerait sur les idéaux et les actes afin de mesurer si leur taux de pureté morale se situe plutôt à 1 ou à 8… De ce fait, les valeurs ne peuvent être pour moi que des ressentis personnels. Quand une majorité de gens tombe d’accord sur une valeur particulière (par exemple, le fait que tuer son prochain est mal), on érige une loi afin de la cristalliser et permettre de mieux vivre ensemble. Néanmoins, cette définition du Bien du Mal n’est valable qu’au sein d’une société désignée et non dans l’absolu. Dans le cas présent, un autre groupe social pourra pratiquer le cannibalisme ou le sacrifice humain sans y voir de problème.

Les TJ peinent à « sentir » leur propre conscience sans passer par un repère extérieur. Ils décident de ce qui est bon ou mauvais, important ou futile, en se basant sur les conseils qu’on leur donne ou les conséquences de leurs décisions observables dans le monde concret. Jeter ses déchets n’importe où pollue objectivement l’environnement et participe à entretenir la crise climatique : les conséquences de la crise climatique ne sont pas enviables. Ne pas rembourser ses dettes expose l’individu à divers ennuis. Etc. Les TJ peuvent ainsi se montrer très vertueux à travers leurs actes, tout en n’ayant pas l’air spécialement préoccupés par la cause soutenue sur le plan émotionnel. Leur manière de prendre soin des autres ne ressemble donc pas à ce qu’on attendrait habituellement… Si vous partez en randonnée avec un TJ dans votre groupe d’amis, il serait capable de vous soumettre au sol avec une clé de bras jusqu’à ce que vous acceptiez de porter un chapeau, car il s’inquiète d’une éventuelle insolation.

Mes camarades m’ont souvent surnommée « le génie du mal », car je n’hésite pas à employer des techniques peu orthodoxes pour aider les gens ou faire avancer les causes que j’estime justes. Pourtant, je ne crois pas avoir déjà fait volontairement du mal à quelqu’un, hormis dans un cadre de légitime défense… On m’a même souvent dit « Tu es vraiment gentille dans le fond, en fait ! ». De fait, quand j’ai des poussées de Fi, je deviens extrêmement exigeante envers moi-même sur le plan moral. Je me juge monstrueuse d’être si autocentrée, incapable de me projeter dans le vécu des gens autrement qu’à travers le miroir de mes propres expériences… Néanmoins, je n’ai aucune idée de comment m’y prendre différemment. Vivre des émotions intenses n’induit pas que je sache les explorer avec finesse et y trouver du sens, comme le font les types FP.

Cette sensation de cécité affective ne se manifeste pas seulement sur le plan idéologique. Elle est présente au quotidien, pour le moindre petit choix ! Durant le confinement, j’étais totalement paniquée, parce que la perte de mes repères spatio-temporels habituels m’empêchait de savoir ce que j’étais censée faire. Pourquoi réaliser une séance de muscu aurait plus de sens à 10h qu’à 14h ? Quand il faut se décider entre plusieurs options concernant un loisir ou un produit (quelle pizza manger en premier, quel film aller voir au cinéma…), je demande l’avis de mon compagnon, lui aussi INTJ. Dans la majorité des cas, ce dernier n’est pas en mesure de me répondre : à vrai dire, il comptait me poser la même question, espérant décharger la prise de décision sur moi. Finalement, on tranche par tirage au sort. Nous ne savons pas ce qui nous fait envie à l’instant T. Nous n’avons pas l’habitude de nous questionner sur cet aspect. Nous savons très bien vous dire quelle maison il est le plus viable d’acheter, quel forfait est le plus intéressant par rapport à votre consommation, dans quelle filière d’étude avez-vous le plus de chance de réussir et d’obtenir un travail par la suite… mais entre la glace à la fraise et la glace au chocolat, bof. Comment est-ton censé déterminer le meilleur choix ? Il n’y a pas d’arguments rationnels en faveurs de l’un ou l’autre. Il faudrait y aller… au feeling ?

C’est ainsi que les TJ accomplissent l’exploit d’avoir l’air sûrs d’eux alors qu’ils ne savent pratiquement rien d’eux. Ils ont certes quelques passions conscientes (comme la fameuse « faiblesse inavouée pour les trucs mignons qui les transforme instantanément en guimauve, à la grande surprise de ceux qui les croyaient insensibles ») et savent parfois donner l’illusion de capacités auto-analytiques très avancées… mais la connexion authentique avec soi n’y est pas. Ils pensent leurs émotions, planifient leurs sentiments, s’élancent sur un parcours tout tracé sans songer à s’arrêter par moments et se demander « Et là, est-ce que ça va ? »… Jusqu’au moment où ils réalisent qu’ils ont oublié quelque chose de primordial sur la ligne de départ, désormais loin derrière eux. Très loin s’il s’agit d’un ExTJ, car il a besoin de beaucoup plus de temps qu’un IxTJ afin de conscientiser Fi. (Jeunes adultes, les ExTJ sont déjà occupés à gérer l’équilibre de leur axe S/N.)

J’ai expliqué sur mon autre blog, l’Antre de la Chouette, que l’on m’avait diagnostiqué un trouble du spectre autistique à l’âge de 22 ans. Un handicap assez lourd, m’empêchant de tenir un emploi en milieu ordinaire. Je croyais aimer l’édition. En réalité, j’aime travailler avec les mots. Le cadre dans lequel se déroule habituellement cette profession, dans un bureau entouré de gens, ne me convient pas du tout. Il me fait mal. J’ai ressenti énormément de détresse au cours de mes expériences professionnelles. La douleur était telle que j’ai fini par être arrêtée pour épuisement professionnel et envoyée en centre psy. Des années se sont écoulées entre ce moment et la première fois où je me suis dit « Je ne me sens pas bien ». J’ai juste complètement ignoré les signaux d’alerte exprimés par mon cerveau et le reste de mon corps, car j’étais focalisée sur mon objectif. Je me disais que « c’était rien, ça allait passer ».

Edit : Je précise que pour mon corps, 35h par semaine dans un bureau, c’est du surmenage. Là est le souci du Te : j’avais construit ma vision professionnelle en me basant sur le temps de travail normal d’un individu lambda, sans parvenir à intégrer que « moi ma pomme c’est différent, j’ai un handicap » (la conscience de l’unicité étant le travail de Fi). Au lieu de ça je restais fixée sur mes repères externes (Te) : puisque les autres le faisaient, cela n’était pas bien compliqué et je n’avais qu’à arrêter de chouiner !

Ensuite, ce fut une lutte pour cesser de me surexploiter moi-même, en m’imposant des conditions néfastes et des objectifs inatteignables (alors qu’absolument rien ne m’y obligeait sur le plan matériel ! Je n’étais pas précaire et personne n’exigeait de me voir bosser !). Renoncer à mes plans, m’écouter d’avantage, m’offrir du repos, accepter de me faire entretenir par mon compagnon au lieu d’aller m’user la santé sur un job à plein temps : il a fallu consulter des praticiens et travailler sur moi pendant des mois, avant que je me sente relativement en paix avec ma situation. C’est étrange d’aller voir un psy en disant « J’ai la possibilité de profiter d’un cadre de vie sécurisant et épanouissant, mais je n’arrive pas à saisir l’occasion. Je ne peux pas m’empêcher de retourner chercher des postes qui me détruisent, me reposer est inconcevable. ». (Concrètement : je cherchais un travail normal, sans accepter que pour moi, la norme = épuisement intense et dangereux.) Beaucoup de gens rêveraient d’être à ma place et ne comprennent pas comment l’on peut avoir du mal à ne pas s’éreinter à l’ouvrage. On en rit entre TJ (parfois jaune). Mon parcours n’est pas terminé, j’ai juste retrouvé un équilibre à peu près sain. Je pense que j’ai encore besoin de quelques années d’introspection avant de m’autoriser à prendre véritablement soin de moi.

J’ai déjà entendu des gens affirmer « Je suis de type TJ, car je travaille beaucoup ». Attention à ne pas omettre la différence entre « être capable d’adopter un comportement associé à l’archétype TJ » et « avoir un fonctionnement de TJ » (sous-entendu, de manière naturelle, stable et durable). Les TJ ne se contentent pas de « travailler beaucoup »… ils travaillent beaucoup de façon compulsive et même quand ce n’est pas bon du tout pour eux. Dans ce trait réside aussi bien l’un de leurs meilleurs atouts qu’une immense faiblesse, de plus en plus en difficile à ignorer à mesure que les années passent… Ouais, je suis une teigneuse, certainement plus productive que vous (j’ai écrit cet article en une matinée et un autre beaucoup plus long hier en quelques heures, sans forcer), mais désormais, quand vous croiserez quelqu’un dans mon genre, au lieu de l’idéaliser, de l’envier, d’imaginer qu’il surplombe le monde, demandez-vous plutôt : quel prix a-t-il payé ? Quel poids trimballe-t-il, en ignorant peut-être encore ce qui pèse si lourd sur ses épaules ?

Réflexions sur les fonctions cognitives

Intuition introvertie (Ni), transe et rituels

De nombreuses personnes au sein de la communauté MBTI s’accordent à dire que les INJ ont un regard caractéristique. A la fois évasif et très pénétrant, comme s’ils fixaient intensément quelque chose… dans un autre monde. (En ajoutant des sourcils froncés, on obtient le fameux « death stare » des INTJ.) Pour moi, il s’agit de l’expression que prennent les INJ lorsqu’ils sont occupés à contempler les mouvements abstraits que crée Ni à l’intérieur d’eux. Ils entrent et sortent de cet état second très naturellement, de nombreuses fois par jour, comme s’il leur était plus simple d’appréhender le monde en contemplant son reflet (flou, déformé… mais d’une façon qui a du sens pour l’INJ) qu’en l’observant directement. On saisit l’essence de leur personnalité en étant attentif à la manière dont ils manifestent ces ondulations désincarnées dans la réalité. Aujourd’hui, je vais décrire les aspects qui me semblent les plus primordiaux dans la relation qu’ont les INJ à leur fonction Ni.

Le cycle intuitif de l’INJ

Le cœur du fonctionnement des INJ consiste en la répétition d’un « cycle intuitif », ayant pour aboutissement la création de quelque chose. Une décision, une solution, une œuvre, une prise de conscience… quelque chose qui émerge du point le plus profond de leur monde intérieur, porteur d’une valeur symbolique particulière.  

Les INJ alternent entre des phases d’accalmie, où rien de particulier ne se produit dans leur quotidien, avec des phases exaltées, où ils vivent de grandes révélations sur des questions qu’ils laissaient mijoter dans un coin de leur esprit. La communauté anglophone emploie couramment le terme « insight » pour décrire ce phénomène. Quelle différence avec les classiques « eurêka » qui nous illuminent lorsqu’on trouve enfin la solution à un problème ? Ce phénomène, fruit d’un processus inconscient, arrive chez tous les êtres humains, après tout (puisque tout le monde possède une fonction N). Chez l’INJ, ces révélations s’inscrivent dans un procédé si important qu’il organise son existence autour d’elles. L’ensemble de ses actions et pensées sont reliées par un fil invisible à ce mécanisme central, fonctionnant toujours en arrière-plan de manière autonome. Il mobilise une grande partie de l’énergie du sujet, c’est pourquoi les INJ peinent à demeurer attentifs à leur environnement présent. Quelque chose attire sans cesse leur attention en-dedans… regarder ailleurs est vite fatiguant.

Chaque INJ aura une façon unique de vous décrire la manière dont il vit son cycle. Certains vous diront que, telle une marée montante et descendante, des expériences particulières tantôt viennent les frôler, charriant avec elles des murmures sublimes, tantôt s’en vont dans les profondeurs de leur inconscient couver d’autres joyaux. D’autres diront qu’ils plongent sans fin dans une fractale dans l’espoir d’en effleurer le noyau, et ont parfois la brève illusion d’y parvenir. D’autres décriront une couche infinie de masques sur leur visage, qu’ils ôtent les uns après les autres, sans jamais atteindre enfin le véritable « Moi ». D’autres, à l’instar de votre serviteur, se compareront à des reptiles. Parfois, je me sens à l’étroit dans mon être : j’éprouve un besoin urgent de grande transformation intérieure, comme si ma peau symbolique était devenue trop étroite pour accueillir cette nouvelle version de moi en train d’émerger en-dessous. Mon paradigme de pensée ne convient plus à ma survie dans le monde, je m’y sens étouffée, vulnérable, anxieuse… jusqu’au moment où enfin, l’enveloppe se craquèle puis se détache, laissant place à un nouvel écrin pour mon âme. Un nouveau paradigme s’ouvre à moi, plus complexe et plus beau. Je revis. Je suis forte. Et le cycle recommence. Je nomme ce processus ma « mue spirituelle ».

Ce qu’il faut en tout cas retenir, c’est que l’insight marque une rupture entre un ancien paradigme et un nouveau. Cette évolution par paliers permet de compenser le manque général de spontanéité et de capacité d’action physique chez les types INJ (Se inférieure). Ceci explique comment un INJ paralysé par un problème depuis un long moment peut envoyer valser d’un coup tous ses blocages : des rouages se sont brutalement mis en marche dans sa tête, tout lui paraît désormais évident ! Par effet papillon, un petit élément déclencheur peut engendrer une métamorphose intérieure extrêmement puissante… Peu importe la nature du trésor ramené à la surface lors de l’insight, celui-ci balisera, comme tous ceux qui l’ont précédé et ceux le suivront, la longue route linéaire que l’INJ s’évertue à suivre depuis sa tendre enfance. S’il n’est pas certain de tout à fait cerner ce qui l’attend au bout du voyage, sa boussole intérieure ne cessera jamais de pointer dans cette direction. Rien ne peut arriver de pire à un INJ que de ne pas savoir où il va : s’il perd contact avec Ni, il perd également sa raison de vivre et ses facultés d’adaptation au monde ! Il se sent vide, impuissant, angoissé…

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Le concept des daemons de la trilogie His Dark Materials me paraît proche de ma fonction Ni : un guide intérieur constamment présent, une part de moi et une entité distincte de moi à la fois… dans tous les cas, rien ne serait plus douloureux qu’en être séparée.

L’intuition introvertie détient une sorte d’autorité inflexible. Elle est comme une voix intérieure dont les injonctions incessantes doivent impérativement être suivies, sans quoi l’INJ finira par en souffrir. Les circonstances de la vie font qu’il peut arriver à un INJ d’être déphasé par rapport à ses aspirations profondes (exprimées par Ni), d’oublier le sens de ses choix ou d’être dans le déni de ses rêves. Son intuition le harcèlera jour et nuit jusqu’à ce qu’il retourne sur le droit chemin, tirant sur son âme jusqu’à ce qu’elle abandonne la lutte. Ce travail interne peut complètement épuiser l’INJ alors qu’il ne bouge pas de son salon. Beaucoup d’INJ en ont d’ailleurs conscience sans jamais avoir étudié le MBTI, et l’interprètent à travers d’autres grilles de lecture. Ils voient en Ni un ange gardien, un dieu ou un patron de sorcellerie, qui s’adresse à eux dans une langue abstraite, et les protège tout en leur soumettant des ordres. Les INJ, qu’ils soient croyants ou non, se sentent souvent comme les disciples de quelque chose de plus grand qu’eux.

La chanson « Into the Unknown » de Frozen 2 (« Dans un autre monde » en VF) illustre très bien ce phénomène. Elsa (INFJ), entend une étrange voix l’appeler. Elle sent que cette voix veut la mener loin du château, où elle obtiendra des révélations primordiales sur l’origine de sa magie – c’est-à-dire, le cœur de son identité. La jeune reine tente d’abord d’ignorer cet appel, de résister à tout ce qu’il éveille en elle… Elle craint en effet de mettre en danger ses proches et de perdre ce qu’elle a lutté pour construire, à savoir un cadre stable et heureux. Au fil de la scène, son chant s’aligne progressivement sur celui de la voix, jusqu’à ce qu’elle finisse par totalement l’accepter et la suivre. Elsa déchaîne alors autour d’elle des arabesques magiques, vibrant au son des deux voix réunies. S’il est commun de voir des princesses Disney s’épancher mélodieusement sur un quelconque promontoire, déchirées entre l’envie de partir au loin et la peur de l’inconnu, le cas présent comporte une différence majeure : la voix appelant Elsa n’est pas un sentiment d’ennui ou de confinement nourrissant un désir de liberté (comme chez Ariel, Raiponce ou Vaiana, qui souhaitent explorer le monde extérieur par simple amour de la découverte), mais plutôt le reflet de son inconscient, une part égarée d’Elsa cherchant à refaire corps avec elle. On y retrouve la réticence des INJ à oser s’investir dans un environnement imprévisible et effrayant (Se-inf), dépassée par la force mentale, onirique ou spirituelle de Ni, quand le sujet accueille cette part de lui.

La ritualisation de l’axe Ni-Se

Qu’il connaisse le MBTI ou non, un INJ mature ressent à la fois la nécessité de nourrir son intuition et de laisser respirer sa sensation. D’ailleurs, s’il s’observe avec détachement, il réalisera vite qu’une grande partie de son temps de veille consiste à maintenir un dialogue très précis et subtil entre Ni et Se.

La sensation extravertie détient une place à part entière dans les cycles intuitifs, puisqu’elle y intervient à la fois au commencement et à la fin. Elle apporte d’abord une multitude d’informations du monde extérieur, qui seront analysées et transformées à un niveau très abstrait. Les éléments épars et contradictoires recueillis vont tournoyer les uns autour des autres, se confronter sous tous les angles… puis enfin fusionner et former un tout nouveau concept, où la polarité est rompue et les points de conflit résolus. Ce résultat obtenu, Se donne à l’INJ l’impulsion pour extérioriser le fruit du processus, sous la forme d’un acte ou d’une œuvre. Néanmoins, la sensation reste soumise durant tout le cycle au rythme imposé par l’intuition : Se peut suggérer à Ni de nouvelles expériences enrichissantes, mais elle ne peut en aucun cas interférer avec les paliers les plus profonds du travail. D’où le désintérêt notoire des INJ pour le monde physique, leur tendance à être dans la retenue, et leurs réactions à fleur de peau lorsqu’un élément concret vient rompre brutalement le fil de leurs pensées. (Un bruit les faisant sursauter, un contretemps dont il faut s’occuper, etc.) Pour ainsi dire, l’environnement ne les touche jamais directement : la moindre information en provenance de l’extérieur doit passer par un nombre important de procédés abstraits avant d’être accueillie par l’individu.

De la même façon que les ISJ sont attentifs à leur confort physique et cherchent des repères sécurisants dans leur environnement, les INJ cherchent instinctivement un recoin de leur univers abstrait où activer des patterns qui les inspirent, les apaisent… Le tempo des INJ est lent. Peut-être le plus lent de tous les types MBTI. Ils ont besoin de temps pour intégrer les informations inédites, s’intéresser à l’inconnu, se décider à sortir de chez eux… Mal adaptés à la vie moderne, en particulier urbaine, ils ont constamment l’impression que tout va trop vite autour d’eux, qu’une ondée de détails et de sensations s’abat sur leur tête… Ils ne souhaitent souvent qu’une chose : ralentir, savourer le calme et le silence. Toute tentative d’accélérer ou de saboter le processus de Ni se soldera par une réaction négative de l’INJ. C’est comme si vous lui plantiez violemment un tournevis dans ses engrenages internes pour tenter d’en modifier la marche. Non seulement ils ne tourneront pas plus vite, mais en plus, ils arrêteront complètement de tourner, laissant l’INJ perturbé et endolori. (Le même phénomène s’observe chez les utilisateurs de Si lorsqu’on essaye de les forcer à adhérer à une idée éloignée de leur cadre de pensée.) Une personne ou un environnement provoquant régulièrement ce malaise chez l’INJ perdront sa considération, ainsi que l’honneur de sa présence.

Ainsi, comme leurs cousins sensitifs, les INJ éprouvent généralement un besoin – conscient ou non – de ritualiser leur vie intérieure, afin de mieux contrôler le flux d’information entrant et éviter d’être débordés par le chaos. La solution de l’INJ pour se laisser aller à sa fonction Se malgré le sentiment d’étrangeté qu’elle lui inspire, est d’intégrer dans son cadre de vie organisé quelques « fenêtres » par lesquelles son impulsivité enfouie pourra s’exprimer. Par exemple, il peut s’autoriser un petit plaisir à un moment précis de la semaine ou du mois (un jour associé à son plat préféré, un jour de shopping dans son magasin favori où il a le droit de craquer pour un article…), ou constituer un budget mensuel spécialement dédié à prendre soin de lui. Cette forme d’attention à soi est tolérée dans la mesure où elle constitue une exception confirmant la règle. L’INJ est en mesure de se connecter à ses besoins physiques immédiats car il est rassuré par une impression globale de contrôle et de profondeur abstraite.

En-dehors de ces soupapes « brutes », l’INJ laisse surtout Se exister à travers des expériences inductrices d’états modifiés de conscience (qu’on pourrait appeler selon le contexte « transe », « flow », « focus »…), en combinant attention au présent et exploration de l’imaginaire ou de la spiritualité : la méditation, les promenades en pleine nature, l’auto-hypnose, les arts plastiques, les arts martiaux, certains jeux-vidéos… Cette connexion est plus douce et diffuse, elle permet d’appréhender Se tout en restant blotti dans la zone de confort Ni. Il s’agit aussi d’un moyen très intéressant de fuir la sur-stimulation ambiante en concentrant l’attention sur des sensations plus confortables. Voilà pourquoi de nombreux INJ intègrent ces pratiques à leur mode de vie : ils peuvent entretenir grâce à elles leur équilibre intérieur, sans pour autant trop s’exposer à l’inconnu.

L’INJ conçoit ses actions comme un ensemble linéaire et cohérent, l’amenant d’un point A à un point B – son prochain insight. Lorsqu’il choisit de participer au monde extérieur, il s’engage dans une sorte de rituel, qui doit l’amener à des expériences précises (décidées inconsciemment) permettant la progression interne. Il faut bien retenir que durant une grande partie de sa vie (si ce n’est sa vie entière), l’INJ accède à Se uniquement à travers Ni. Par conséquent, lui seul peut décider de l’emplacement de ses « fenêtres Se ». Les choses matérielles en elles-mêmes sont rarement captivantes à ses yeux : s’il se laisse aller à bouger, toucher, jouer, acheter compulsivement, c’est en premier lieu parce qu’il ressent une connexion intuitive spéciale avec le moment (Ni). Il sent que le fil de son existence est relié à l’objet devant lui ou à l’activité qu’on lui propose : il y perçoit un potentiel de développement important, et lorsqu’il se projette dans l’avenir, il voit cet élément incorporé au décor. Sans cette sensation de lien intime, la fenêtre reste fermée et l’INJ ne voit qu’un spectacle chaotique dénué d’intérêt, si ce n’est terrifiant. Au mieux, il trouve que le divertissement est sympathique, mais ne mérite pas un investissement énergétique de sa part. En introduisant trop d’éléments imprévus, étrangers, l’INJ se sent projeté hors de son sentier intuitif : le rituel est brisé. Les bienfaits qu’aurait pu lui apporter Ni dans cette situation sont neutralisés, l’INJ perd ses repères et doit se réfugier au calme le temps de se réaccorder à sa vision conductrice.

Dans la majorité des cas, l’INJ sait déjà en arrivant quelque part ce qui va l’intéresser ou non. Deux cas de figure sont possibles : le premier est qu’il a étudié la question en amont et vient dans l’objectif de réaliser des actions prédéterminées. Vous aurez alors bien du mal à le détourner de son plan. Par exemple, si vous avez prévu une sortie au musée avec un INJ, il y a peu de chance qu’il accepte de prolonger le moment avec vous dans un bar si ce n’était pas prévu. (Au moins, évoqué en tant que possibilité.) Le phénomène est particulièrement visible chez les INJ en base 5, qui esquissent déjà un mouvement vers la station de métro la plus proche au moment où vous énoncez la proposition. (Un INJ 5 qui tolère les imprévus que vous lui infligez vous apprécie vraiment beaucoup. Et vous déteste, également.) Dans le second cas, l’INJ est présent car son intuition lui a simplement soufflé de venir ici. Il a cerné un potentiel dans une situation et vient inspecter les lieux pour apaiser ses flashs. Un INJ se présentant dans cet état d’esprit sera plus ouvert (d’autant plus qu’il a peut-être lutté un moment contre lui-même avant de se résigner), mais il aura toujours davantage confiance en sa propre intuition qu’en vos suggestions pour comprendre ce qui l’amène ici.

J’espère que cette analyse vous permettra de cerner – enfin ! – l’intuition introvertie, et la façon dont elle se manifeste dans la vie d’un INJ.

Réflexions sur les fonctions cognitives

Sensation extravertie (Se) inférieure et rapport au corps

Chers les atrophiés du S,

Je partage aujourd’hui une analyse sur la fonction Se inférieure (c’est-à-dire telle qu’elle s’exprime chez les types INTJ et INFJ), en particulier dans la thématique du rapport au corps.

Chez les INJ, il y a une alternance entre une non-prise en compte de l’environnement (pouvant prendre des proportions limite absurdes, comme mettre des semaines à réaliser qu’on travaille à côté d’une tour de 40 m de haut avec une mascotte rose fluo sur la façade) et une obsession pour le contrôle de l’environnement. L’INJ ayant une faible capacité à évoluer spontanément dans le monde concret et l’instant présent (Se-inf), et une capacité encore plus faible à cerner le potentiel et les limites de son propre corps (Si), il tente de compenser par un excès de contrôle mental (Ni). Il doit savoir ce qui va arriver, comprendre pourquoi cela risque d’arriver et préparer des parades, afin d’empêcher le chaos tant redouté de survenir.

La fonction Se délaissée vient parfois réclamer son dû à Ni, provoquant frustration et angoisse. Ce sont les « petits trucs » qui forcent l’INJ à prêter attention à son environnement, comme un appareil électrique qui lâche, un livre qui tombe sur son pied, une météo imprévue… Ils sont perçus comme des agressions, voire un « complot des objets » contre lui, qui l’empêche de réaliser son plan alors qu’il voudrait juste naviguer tranquillement dans sa tête. Si vous côtoyez un INTJ, vous l’avez sans doute déjà maintes fois entendu s’exclamer « Que les choses marchent, c’est trop demandé, ça ? ». En réalité, dans l’immense majorité des cas, l’INJ n’aurait pas fait face à ce désagrément s’il avait pris soin d’entretenir mieux son environnement dès le début. Remarquer que son compteur électrique sentait le brûlé depuis des semaines au lieu d’attendre qu’il explose en plein mois de décembre, par exemple… (Toute ressemblance avec des individus existants serait tout à fait fortuite.)

Le corps de l’INJ est typiquement perçu comme un vaisseau de l’âme ou un outil au service de l’esprit. C’est un élément extérieur au « Moi » plutôt qu’une part d’un grand tout formant le « Moi ». Ainsi, chez l’INJ, le rapport au corps est en général similaire au rapport à tout autre élément environnemental : j’entends par là qu’il perçoit le corps comme une entité dangereuse, pouvant se transformer à tout moment et de manière chaotique, indépendamment de la volonté. Un corps peut grandir, grossir, tomber malade, vieillir, se déformer, etc. C’est pourquoi chez l’INJ, la prise de conscience du corps s’accompagne d’un besoin puissant de garder le contrôle sur celui-ci. Ce contrôle peut être actif ou passif, conscient ou inconscient.

Le rapport à Se-inf se résume ainsi comme suit : « J’habite dans une machine complexe. J’aimerais ne pas avoir à y penser, mais si je l’oublie, elle finit par tomber en panne et m’empêcher d’avancer. Je dois donc m’en occuper un minimum, afin d’être tranquille le reste du temps et de pouvoir intervenir sur l’environnement sans limitation quand c’est nécessaire. Parfois, je prends plaisir à interagir avec mon environnement via cet interface physique, mais je constate par la même occasion ses limites et cela me frustre. »

Deux tendances se dessinent : la première est l’abandon de Se devant le constat de son échec (ici, réinitialisation du cycle), par exemple « Je suis trop nul en sport, ça ne sert à rien de continuer ». La seconde est le vautrage dans Se, dans une optique de le développer de force. Par exemple « Je vais faire 180 abdos par jour, et on va voir si c’est trop lui demander à ce corps de tenir 4 entraînements de boxe par semaine, putain ! C’est moi le maître ici, il va obéir à ma volonté ! » (ici, perte de vue de Ni, malaise et épuisement). La seconde option peut passer par de l’automutilation ou de l’auto-privation pour « punir » le corps de ne pas être à la hauteur. Cette sanction consiste souvent à instaurer des règles psychorigides autour de la nourriture, des jeux-vidéo, du sexe ou tout ce qui procure du plaisir « gratuit ».

Des formes de contrôle plus passives peuvent être employées, créant l’illusion d’un rapport sain au corps. Par exemple : un INJ vous donne l’impression qu’il se soucie beaucoup de la diététique, car il ne mange que des plats bien équilibrés ? En réalité, il s’est probablement juste dit « Je ne fais pas attention à ce que je mange de toute façon, alors autant manger sans sel et sans sauce, c’est plus viable sur le long terme ». Il ne prend absolument pas soin de lui, il est au contraire dans une coupure de soi, une privation des sens. Idem pour un INJ sportif, faisant mine d’entretenir sa santé : il y a des chances pour que le sport soit davantage un moyen d’entrer en lutte contre Se (prouver qu’il peut le dompter à sa guise) qu’une démarche bienfaisante spontanée pour le corps. L’INJ lui-même peut vivre dans la croyance qu’il fait attention à son corps, quand bien même ce n’est pas du tout le cas.

Ironiquement, le manque d’attention porté au corps va finir par se manifester par diverses somatisations, que l’INJ ne va pas forcément comprendre (« Pourtant je mange équilibré, je fais de l’exercice : je ne devrais pas aller mal ! »). Son premier réflexe sera de vouloir renforcer le contrôle (encore plus de privation, plus d’actions forcés…) ce qui aggravera le mal-être et l’entraînera dans un cercle vicieux. On est dans la relation typique entre la fonction dominante et la fonction inférieure : les problèmes causés par le manque de la fonction inférieure sont interprétés comme étant un manque d’action de la fonction dominante. Le même mécanisme apparaît chez tous les types… Les Fi-dom vont de plus en plus dans le pathos quand on souligne leur manque d’argumentation logique (si les autres ne réalisent pas que l’émotion est si forte qu’elle se passe de toute argumentation, c’est qu’il n’y a pas assez de Fi), les Te-dom sont de plus en plus dans le contrôle des autres quand on essaye d’échapper à leur autorité (si les autres n’obéissent pas sans saouler avec leurs petits besoins personnels, c’est qu’il n’y a pas assez de Te), etc.

J’observe un rapport tout autre chez les ENP (et dans une moindre mesure les INP). Chez ces types, Si-inf induit plutôt une alternance entre une indifférence au bien-être corporel et une préoccupation forte voire excessive pour celui-ci. Le rapport à Si-inf ressemble plutôt à : « Mon corps est une part de moi, mais je n’ai pas l’impression qu’il soit important de m’en occuper. Parfois je réalise que si, et j’essaye de rattraper tout le manque d’attention que j’ai eu vis-à-vis de mon corps. Je vais identifier ce qui me fait du bien, ajuster mon environnement et améliorer mon alimentation. »

Deux tendances se dessinent : devant le constat d’un corps en piteux état et d’une difficulté à instaurer une autodiscipline de vie, l’ENP opte pour l’abandon de toute tentative de prendre soin de soi, car « De toute façon ça sert à rien, c’est foutu ». Il se laisse engloutir dans des pratiques malsaines, comme des addictions diverses, de l’automutilation, de la surconsommation de malbouffe ou une sexualité dangereuse (ce qui réinitialise le cycle). Ou bien, il opte pour une utilisation excessive de Si, avec une obsession pour la diététique et pratiques liées. Des troubles tels l’hypocondrie, l’anoxerie ou l’orthorexie peuvent alors apparaitre.

Dans les deux cas (Se ou Si-inf), un travail important est nécessaire à l’individu pour rompre la polarité et développer un rapport sain au corps. Je croise rarement des Se/Si-inf qui se ne mentent pas à eux-mêmes sur ce plan de l’existence. Et c’est tout à fait normal, au demeurant, nous avons tous nos faiblesses… Je pense qu’admettre cela est la première étape pour amorcer un changement.