Analyses de personnages

Analyse de Twilight Sparkle (INTJ 6w5)

Twilight Sparkle est le personnage principal de la série My Little Pony : Friendship is magic. (Oui, je fais un billet analytique sur une princesse licorne, qu’est-ce que tu vas faire ?) J’ai pensé intéressant d’analyser sa personnalité, étant donné qu’elle est peu représentée dans la fiction. Twilight Sparkle est généralement typée INTJ ou ISTJ par le grand public. Le typage ISTJ ne me paraît pas impertinent, car elle agit parfois en Si-dom/Ne-inf, notamment dans les premières saisons. J’ai choisi de la lire aujourd’hui en tant qu’INTJ par rapport à son rôle global dans la série, qui est d’étudier puis enseigner des concepts, là où les poneys S de la bande s’illustrent sur le plan pratique (Applejack est agricultrice, Rarity est couturière, Fluttershy gère un refuge pour animaux, Rainbow Dash est athlète… ). Je spoilerai allègrement la série au passage, bien entendu.

Fonction dominante : Intuition introvertie (Ni)

La forte intuition de Twilight est visible dès le début de la série. Alors qu’elle lit un conte, elle se souvient en avoir déjà entendu parler quelque part et cherche obstinément à savoir où, car elle sent que cette information est d’une importance capitale. Elle est le seul poney à anticiper le retour de Nightmare Moon et cherche à alerter les autres, mais ils ne la prennent pas au sérieux car elle se base uniquement sur des symboles et des impressions, sans aucune preuve tangible.

Contrairement à ce que son style de vie routinier et casanier pourrait faire penser, Twilight n’est pas heureuse s’il n’y a pas de matière à explorer sous la surface. A la fin de la saison 4, elle confie aux autres princesses son désarroi de ne pas avoir de vrai but à suivre (autre qu’accomplir ses fonctions traditionnelles) : son titre, ses ailes et sa couronne n’ont aucun sens pour elle, elle a besoin qu’un projet de grande envergure brille à l’horizon et guide ses actions. En compilant ses leçons d’amitié, elle est plus intéressée par l’idée qui se dégage de l’expérience que par l’expérience elle-même. Lorsqu’elle décide de publier son journal (saison 7 épisode 14), elle est d’ailleurs désespérée de voir que les lecteurs se focalisent sur les anecdotes au lieu de saisir la signification profonde qu’elle essaye de leur transmettre. Dans la saison 8, elle décide de créer sa propre école afin d’enseigner sa vision.

C’est souvent dans les moments les plus difficiles que Twilight trouve les solutions aux problèmes : elle a besoin d’explorer jusqu’au fond un concept négatif afin de trouver son pendant positif et d’innover une troisième possibilité plus enrichissante. Dans le dernier épisode de la saison 3, elle obtient son titre de princesse de l’Amitié en corrigeant un sort de Starswirl grâce à un insight. Cette illumination lui est parvenue après qu’elle ait surmonté une situation catastrophique avec ses amies (après avoir récité une incantation inaboutie, elle a accidentellement échangé leurs marques de beauté et ainsi bouleversé leurs identités).

Beaucoup de gens attribuent une fonction Si dominante à Twilight à cause de sa passion pour l’histoire, ce qui induirait qu’elle est tournée vers le passé. Par comparaison à d’autres personnages, Twilight s’appuie peu sur ses souvenirs, s’intéresse peu aux conventions et à son environnement. Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder Applejack (ESTJ), dont l’attachement à la tradition familiale s’exprime jusque dans sa manière de parler, ou bien Rarity (ESFJ), qui est très attentive aux normes mondaines et relève la moindre faute de goût.

Fonction auxiliaire : Pensée extravertie (Te)

Sans doute la fonction la plus évidente chez Twilight. Elle présente non seulement de grandes facilités à organiser les tâches et suivre leur bon déroulement, mais aussi un besoin viscéral de le faire. Membre la plus responsable de son groupe (avec Applejack, sans doute),  c’est presque toujours elle qui a le dernier mot sur la marche à suivre et dégotte les meilleurs plans d’action. Elle réalise des myriades de listes et fournit des notices détaillées à ses amis chaque fois que l’un d’eux se rend en mission. Elle ne recherche pas le commandement, mais l’assume naturellement en cas de besoin. Au fil de la série, elle apprend des sorts qui lui permettent de superviser les activités des autres ou de les emmener dans la direction qu’elle souhaite d’une manière encore plus efficace. (Exemples éloquents : dans la saison 7 épisode 10, Twilight s’incarne dans une petite danseuse sur une boîte à musique, afin de surveiller Starlight. Dans la saison 5 épisode 12, elle se matérialise dans les pages d’un livre pour attirer l’attention de Moondancer, celle-ci refusant de lui parler en face à face.) Twilight a aussi facilités pour s’exprimer de manière claire et structurée. Elle exprime spontanément ses opinions et on la voit présenter de nombreux exposés au cours de la série.

Twilight cherche toujours une explication rationnelle aux phénomènes qui l’entourent. Guère impressionnée par les rumeurs, les fantasmes ou les superstitions, elle construit ses opinions à travers ses expériences et observations. Dans la saison 1 épisode 9, elle est la seule à ne pas être effrayée par Zecora, considérant que les préjugés à son égard n’ont pas de fondements. Elle ne croit pas Pinkie Pie dans l’épisode 15 de cette même saison, lorsque la ponette rose lui affirme être capable de prédire l’avenir à travers les réactions de son corps. Twilight finit par accepter que la logique n’est pas toute puissante, mais demeure en recherche constante de compréhension du monde. On la voit par exemple réaliser des expériences sur Pinkie Pie. Globalement, elle s’extasie chaque fois qu’on lui présente un phénomène jamais rencontré auparavant, puis s’empresse d’aller l’étudier (dans les livres ou au milieu de ses instruments de labo).

Fonction tertiaire : Sentiment introverti (Fi)

Twilight est une ponette assez fidèle à elle-même : elle semble bien connaître ses propres valeurs et son attitude change peu en fonction du contexte. (Hormis lorsqu’elle se trouve face à ses mentors, où elle peut mentir ou surjouer par peur de perdre leur estime. Nous verrons que cette attitude s’explique par sa base ennéagramme.) Elle développe énormément sa fonction Fi au fil des épisodes, ce qui la met de plus en plus en contact avec ses émotions et celles des autres. Au début de la série, elle a tendance à négliger les sentiments de son interlocuteur lorsqu’elle explore ses idées, à être trop butée et pressée, ce qui l’a parfois amené à blesser d’autres poneys. Dans le premier épisode, elle ne se rend pas à la fête de Moondancer, une camarade de classe, car elle préfère étudier. On apprendra par la suite que ce geste a profondément blessé Moondancer : en effet, la jeune ponette phobique sociale avait réalisé un effort colossal en organisant cette fête, et espérait de tout cœur partager ce moment avec Twilight. Se sentant abandonnée, elle a replongé dans sa phobie et n’a plus fait confiance à personne, jusqu’à ce que Twilight présente ses sincères excuses.

Twiglight culpabilise énormément lorsqu’elle réalise les conséquences de ses maladresses sociales, et mobilise toutes ses ressources pour essayer de réparer ses erreurs (même s’il arrive que son obstination ne fasse qu’aggraver la situation). On ressent son attachement profond pour ses amies, source de ses plus puissants pouvoirs magiques, ainsi que son dévouement extrême pour les causes qu’elle sert. Par moments, elle peut faire preuve de beaucoup de patience et de douceur, en particulier lorsqu’elle s’identifie dans la problématique de son interlocuteur. C’est ainsi qu’elle parvient à convaincre Starlight Glimmer de renoncer à ses projets de vengeance et se ranger du côté du Bien, à la fin de la saison 5. La différenciation de sa fonction Fi fait progressivement d’elle un mentor à la fois ferme et plein de compassion.

Fonction inférieure : Sensation extravertie (Se)

Twilight n’est pas à l’aise avec le monde physique et lui porte peu d’attention. Elle a tendance à se cogner et à fuir les tâches de motricité fine : la seule fois où elle entreprend de faire la cuisine, les autres personnages sont stupéfaits de la voir aux fourneaux (et le résultat n’est pas très concluant…). Dans l’épisode 11 de la saison 1, elle se lève, se prépare pour sa journée, sort de chez elle, puis seulement s’aperçoit qu’il fait encore nuit. Dans l’épisode 20 de la saison 2, elle est tellement plongée dans ses pensées qu’elle ne remarque pas qu’elle creuse un trou dans le plancher en faisant les cent pas.

L’instant présent est étranger à Twilight : quand ses amies lui proposent un moment de relaxation, au début elle ne comprend pas en quoi cela consiste et demande qu’on lui explique comment faire… Elle met du temps à accepter que les activités où l’on s’amuse « pour s’amuser » puissent avoir un intérêt (autre que l’étude d’un phénomène social), encore moins lorsqu’elles impliquent du bruit et de l’agitation. Par ailleurs, ne pas anticiper l’environnement la rend nerveuse et impuissante, parce qu’elle n’est pas douée pour réagir dans l’urgence. Ainsi, la première fois qu’on organise une fête surprise en son honneur, elle s’enferme dans sa chambre et accuse les autres poneys d’être dingues. Si elle s’ouvre l’esprit par la suite, elle restera le poney de la bande qui a le plus de mal à lâcher prise. Sous stress, Twilight peut agir de manière impulsive et proposer des solutions absurdes aux problèmes, parce qu’elle veut les régler dans la seconde et ne réfléchit plus vraiment.

Twilight Sparkle sur l’ennéagramme

Twilight est souvent typée 5 en raison de son caractère solitaire et érudit. Or attention à ne pas tomber dans le piège de la confusion entre comportement et motivation ! Si son comportement rappelle un cliché de 5, les motivations de Twilight correspondent clairement à celles d’une base 6 (à dominante phobique). Dans les premières saisons, elle étudie avant tout pour faire la fierté de la princesse Celestia. Rien ne rend Twilight plus euphorique que recevoir des compliments de sa mentor et sentir qu’elle est son élève parfaite. Ce n’est pas tant qu’elle préfère ses livres aux gens, mais surtout que les livres lui permettent d’entretenir son statut et pas les gens. Même devenue princesse à son tour, Twilight considère toujours Celestia comme sa référence et est très angoissée à l’idée de la décevoir.

La compulsion d’évitement de la déviance du 6 est plus qu’illustrée au cours de la série. Twilight nourrit une obsession pour les règles devenue un running gag. Elle cherche à suivre la moindre notice à la lettre sans se poser de questions. (D’où sa lecture fréquente en tant qu’ISTJ.) Cette tendance persiste au fil du temps, ce qui démontre combien elle est ancrée. Dans la saison 8, par exemple, elle respecte les recommandations de l’E.E.A envers et contre tout, malgré les mauvais résultats, sans que l’idée de créer son propre règlement ne l’effleure. Elle aurait perdu son école si Starlight ne lui avait pas rappelé cette possibilité ! Pendant les premières saisons, Twilight envoie régulièrement des lettres à Celestia pour lui relater les leçons d’amitié qu’elle apprend. Dans l’épisode 3 de la saison 2, elle réalise qu’elle n’a rien à écrire dans son rapport hebdomadaire : la simple idée de déroger au rituel la plonge dans un délire psychotique. Persuadée que sa vie va s’arrêter, qu’elle va tout perdre, elle court partout dans Ponyville en essayant de créer artificiellement un problème d’amitié. (Cet épisode est culte, parce qu’on y voit la peur profonde de Twilight se manifester de façon si exagérée que c’en est hilarant.)

 « This is not nothing, this is EVEREYTHING !!! »

La loyauté presque fanatique de Twilight peut paralyser sa réflexion et la conduire à un besoin malsain de performance immédiate, même après des saisons d’expérience (désintégration en 3). A la fin de la saison 7, elle suit le plan de Starswirl malgré qu’il soit en contradiction avec ses valeurs. D’une part, il est inconcevable pour elle de remettre en question son héros. D’autre part, Twilight ne peut pas accepter que le sorcier ait une mauvaise image d’elle et oublie tout le reste pour tenter de regagner du crédit à ses yeux. Il faut qu’il l’estime, qu’il la prenne sous son aile. Bien qu’elle doute de plus en plus de son choix, Twilight ne changera de position qu’au dernier moment, lorsque sa loyauté à une autre dimension (son rôle de princesse de l’Amitié, relié à Celestia) sera invoquée. Dans l’épisode 7 de la saison 8, elle n’ose pas dire à Celestia qu’elle est une mauvaise actrice et s’échine à trouver un moyen de la faire jouer quand même, par peur de perdre sa relation privilégiée avec elle. C’est à cause de cette même peur qu’elle finira par lui dire la vérité.

L’aile 5 de Twilight, très marquée, s’exprime à travers sa curiosité naturelle pour de nombreux domaines. Elle a besoin de comprendre les phénomènes : elle accepte rarement d’abandonner tant qu’elle n’a pas une explication logique à apporter. On remarque au fil de la série qu’elle accumule à la fois des connaissances très utiles et totalement absconses, preuve qu’elle étudie aussi par pur amour du savoir. Lorsque Twilight est au meilleur d’elle-même, est devient plus paisible et affable. Les autres apprécient ses conseils avisés et viennent se ressourcer auprès de son aura calme. On peut assimiler cela à une intégration en 9.

Fait amusant : l’homologue humaine de Twilight, présente à partir du troisième film Equestria Girls, elle, est en base 5. Dans Friendship Games, elle est prête à renoncer à toute vie sociale en s’inscrivant à un programme d’étude indépendant. Son but est alors de satisfaire sa propre soif de savoir. Elle ne dépend d’aucun mentor, n’a aucune attache à son établissement : elle veut au contraire le fuir, car elle a la sensation d’y perdre son temps et ne supporte pas d’être confrontée à ce vide intérieur. (Elle en fait même une chanson !) Apprendre est véritablement au centre de sa vie. Elle montre un net détachement vis-à-vis des jeux de l’Amitié : lorsqu’on lui fait savoir que son intellect serait un atout pour la compétition, elle explique qu’elle est trop prise par ses études – et craint manifestement qu’on l’utilise comme une bête de foire. Si elle accepte d’y participer, c’est uniquement à cause d’un chantage de sa directrice. Sous la forme de son alter ego maléfique, Midnight Sparkle, elle est persuadée d’avoir tout compris à la magie. Sa croyance d’omniscience lui montre à la tête et elle se met à tout détruire, tout en réclamant encore plus de connaissances.

L’autre Twilight Sparkle – INTJ 5 aile 6

Dans Legend of Everfree, elle est terrifiée en découvrant ses pouvoirs : elle craint d’être à nouveau dépassée par ce qu’elle ne maîtrise pas et possédée par Midnight Sparkle. De plus, son excellence dans les matières scientifiques l’avait conforté dans l’idée qu’elle comprenait comment fonctionne le monde, mais l’introduction de la magie bouleverse ses repères. Elle refuse que Sunset Shimmer révèle son secret aux autres, sans doute pour éviter des questions et des demandes qu’elle se sent incapable d’assumer. Elle cache son trouble et s’isole afin de trouver une solution seule – là où la Twilight ponette organiserait une table ronde pour écouter le point de vue de ses amies. A la fin du film, elle réalise non seulement que son entourage a beaucoup de soutien à lui offrir (victoire sur une fausse croyance de 5 : « Mes besoins sont une gêne et je n’ai rien à attendre du monde »), mais aussi qu’elle maîtrise bien mieux sa magie qu’elle ne l’imaginait (victoire sur une 2e fausse croyance de 5 « Je n’ai pas les ressources qu’il faut en moi pour survivre »). Elle détruit ainsi définitivement Midnight Sparkle.

Le type INTJ

L’arrogance de l’INTJ

Les gens qui me connaissent de loin me trouvent souvent arrogante. En bonne Ni-dom, j’ai en effet cette fâcheuse tendance à débarquer au milieu de la bataille avec ma rhétorique aiguisée et mon petit air suffisant : « Bonjour, je sais mieux que vous, je viens vous faire la leçon ! ». Je leur accorde : parfois on dirait que j’étais au téléphone avec Dieu juste avant, et que je viens de raccrocher et d’accourir en les entendant invoquer mes lumières. Non, ce n’est pas ça qui est en train d’arriver ? Tant pis, ma fonction Te est chaude, je leur inflige donc tout de même un superbe traité, avec intro, développement, conclusion. Le spectateur lambda a tôt fait de se sentir irrité, voire de se persuader que mes chevilles sont au bord de l’explosion. De nombreux INTJ vivent ce genre d’expérience. La plupart des descriptions sur Internet décrivent d’ailleurs l’INTJ comme un profil très confiant et un peu hautain. Je vais expliquer l’origine de ce comportement, et aussi en quoi il est généralement mal interprété.

Comme je le disais dans l’article sur l’ennéagramme chez l’INTJ, la plupart des INTJ ressemblent à un mélange des bases 5 et 1 : on fera difficilement mieux placé pour récurer avec acharnement les recoins de Google Scholar. Dans mes études et réflexions, je suis incapable de m’arrêter à la surface : il faut que je gratte jusqu’au noyau, que je le perce, que je le dissèque… Tant que je n’aurai pas débusqué et analysé la plus petite particule existante, j’aurai l’impression de ne pas avoir assez approfondi mon sujet. Par exemple, mon compagnon et moi avons deux cochons d’Inde à la maison. Après avoir pris la décision d’en adopter, j’ai passé des dizaines d’heures à étudier l’animal et la manière d’en prendre soin. J’ai consulté une plâtrée de sites et croisé les sources, arpenté des forums, questionné des passionnés, retourné tout le Youtube francophone du cochon d’Inde (seules mes lacunes linguistiques m’ont empêché de faire de même avec l’anglophone), puis je suis revenue voir mon chéri en lui disant « Je ne sais pas si je suis assez formée pour assurer une belle vie à nos futurs animaux. ». Il a levé un sourcil avant de se moquer gentiment de moi.

C’est ce qui se produit à chaque fois qu’un sujet m’intéresse. Voilà pourquoi je me défends toujours d’être une « spécialiste » du MBTI ou de l’ennéagramme, bien que beaucoup de lecteurs me qualifient ainsi sur l’Antre de la Chouette. Connaître les bases d’une discipline et savoir s’en servir à peu près correctement ne signifie pas être spécialiste : c’est juste le minimum syndical pour que je m’autorise à en parler en public ! Le souci, c’est que la plupart de mes interlocuteurs n’ont pas idée du soin que je mets dans mes recherches. Ils ignorent que ma confiance en mes propres affirmations a été forgée par de longues heures de lectures, d’échanges et d’introspections, sans lesquelles je n’aurais jamais ouvert ma gueule. Au pire, j’aurais bafouillé « Pardon, je n’y connais pas grand-chose, je préfère ne pas m’impliquer à ce sujet », avant d’aller me renseigner pour combler mes lacunes. Ils ne voient que la surface : une personne débitant son discours comme s’il était d’une évidence enfantine (prenant donc plus ou moins les gens pour des cons), en ayant l’air de tenir à mettre un point final au débat d’un vif coup de hachoir linguistique. Ils ne comprennent pas comment je peux basculer si rapidement de la timidité extrême à la grande gueule.

Si les INTJ paraissent remplis de confiance lorsqu’ils s’expriment en public, c’est simplement parce qu’ils gardent leurs idées pour eux dès lors qu’ils les jugent bancales. En réalité, ils se sentent très vulnérables devant les limites de leurs connaissances et capacités. (Ceux qui en doutent n’ont jamais vu un INTJ contraint de jouer au football ou de pratiquer le small talk.) Le concept d’esprit critique leur est également cher : avec leur fonction Fi tertiaire, ils se sentent finalement très faillibles, subjectifs, « humains » en d’autres termes… C’est pourquoi ils tentent sans cesse de démonter leurs propres croyances et arguments, encore plus sévèrement qu’ils le font avec les autres. A l’inverse des INTP, qui ont tendance à partager des idées inabouties en utilisant l’autre comme caisse de résonnance, les INTJ préfèrent réaliser seuls ce « crash-test » et laisser maturer un maximum leurs théories avant d’enfin les partager… Processus peu visible de l’extérieur. Compte-tenu de la facilité à verbaliser dont jouit l’INTJ grâce à Te, on pourrait penser que s’il a quelque chose à dire, il va forcément s’empresser de le faire ! Que nenni. Quand un INTJ émet une affirmation, dans l’immense majorité des cas, il a d’abord passé un long moment à retourner ses hypothèses dans tous les sens, les exploser en morceaux et les reconstruire, jusqu’à s’assurer de leur haute viabilité. D’où cette impression de coup de guillotine au milieu de la table (presque la signature de ce type !) : vous aurez bien du mal à y en redire quoi que ce soit, étant donné que l’INTJ a déjà tout fait subir à son bébé avant d’accoucher. Si vous parvenez toutefois à le coincer, un INTJ mature s’inclinera et intégrera – maintenant ou plus tard, selon l’état de son ego de Ni-dom… – vos réflexions aux siennes.

Pourquoi donc ce perfectionnisme érudit ? A titre personnel, j’ai un souci profond d’atteindre la vérité objective. De toucher « ce qui est », sans fioriture, sans filtre… Même quand la vérité n’est pas celle que j’attendais. Même quand elle me file la gerbe, je veux la regarder dans les yeux et me dire « ça y est, c’est bien elle ». Je me fiche d’être dans votre camp ou non : je suis dans celui de la vérité. (Bien entendu, j’exclus ici ce qui relève des goûts de chacun : il n’y a pas de vérité qui tienne quand il s’agit de son film préféré, il n’y a que des vérités personnelles !) Vous pourrez être un ami cher, si dans un débat l’adversaire tient des propos plus pertinents que les vôtres, je ne vous défendrai pas. Je ne vous enfoncerai pas non plus, à moins que vous ne m’ayez franchement cherchée : je ne vois pas à quoi cela pourrait bien servir, et la méchanceté gratuite est un phénomène qui a toujours échappé à ma compréhension. C’est pourtant ainsi qu’ont été régulièrement interprétées mes tentatives de conseiller les autres ou de leur exprimer mon point de vue : une volonté de détruire par plaisir sadique. Malheureusement, une fois que la personne en face a commencé à m’attribuer des intentions que je n’ai pas, il est difficile de lui faire comprendre ma neutralité.

Les INTJ sont fréquemment aux prises avec ce décalage (tant qu’ils n’ont pas pu créer un cercle social à leur convenance, ce qui prend du temps) : ils sont venus pour avoir une discussion enrichissante, mais au lieu de cela, ils passent finalement leur temps à expliquer qu’ils n’ont jamais insinué ceci, qu’ils n’ont jamais affirmé cela, qu’ils n’ont jamais voulu agresser Untel… Quand bien même, ironiquement, ils s’expriment en général d’une manière très claire et franche, laissant peu de place à l’ambiguïté. S’ils sont jeunes adultes, ils ont même la plupart du temps assez de Fi pour faire un réel effort de diplomatie. Ces expériences s’avèrent frustrantes pour les INTJ : bien qu’ils soient des types assez adaptables en société, capables de travestir leur style de communication pour provoquer moins d’ennuis, ils ont également besoin de laisser respirer leur authenticité pour rester sains d’esprit. Vous rendrez très heureux un INTJ en lui offrant un havre où sa manière de s’exprimer est non seulement acceptée, mais aussi reconnue pour ses qualités.

Le type INTJ

INTJ et ennéagramme

Deux personnes du même type MBTI ont certes un fonctionnement global commun, mais aussi des divergences plus ou moins importantes… Chose logique, puisque le MBTI ne prend pas en compte de nombreux facteurs individuels participant à la construction de la personnalité, tels que l’éducation ou d’éventuels traumatismes. (Et là n’est pas sa vocation.) Le modèle de l’ennéagramme est souvent utilisé pour affiner l’analyse, puisqu’il explore les motivations et failles égotiques de l’individu, là où les MBTI s’intéresse plutôt aux comportements visibles en surface.

Aujourd’hui, je vais présenter la façon dont s’exprime le profil INTJ à travers les neuf bases de l’ennéagramme. Si en théorie toutes les combinaisons sont possibles, leur répartition est très inégale. Certaines s’accordent parfaitement au mécanisme de l’INTJ et ont de fortes chances d’apparaître, tandis que d’autres, du fait de leur caractère contradictoire, sont beaucoup plus rares. L’INTJ classique ressemble à un mélange de 5 et de 1, érudit et perfectionniste. Je développerai donc surtout ces deux profils.

L’INTJ en base 5

L’INTJ 5 est le combo le plus commun. De nature taciturne et solitaire, cet INTJ passe beaucoup de temps à approfondir ses connaissances dans ses sujets de prédilection. Il veut profondément comprendre, accéder aux racines qui unissent les phénomènes du monde autour de lui. Sa fonction Ni est surtout employée pour stocker d’énormes masses d’informations et les analyser en fond, jusqu’à dégager une vision claire et complète de son sujet. (Ce comportement est facilement assimilable à la fonction Ti, c’est pourquoi l’INTJ 5 est souvent confondu avec l’INTP.) Son Se-inf le rend particulièrement détaché du monde matériel au profit de la formation de l’esprit : il se satisfait d’un mode de vie très sommaire, tant qu’il peut lire et méditer de longs moments sans être dérangé. Le style de communication du 5 (appelé « traité ») sied très bien à Ni-Te, qui s’exprime de préférence sous forme de monologues structurés.

L’INTJ 5 résiste naturellement à s’impliquer dans les situations. Avec son Te au taquet, lui faire perdre du temps est un crime à ses yeux : si Ni n’a pas repéré de potentiel dans une activité, il aura beaucoup de mal à accepter d’y participer. Par ailleurs, l’idée de ne pas posséder en lui les ressources pour affronter l’extérieur le terrifie. Considérant qu’il ne possède pas assez de savoir et de maîtrise pour couvrir la situation, il croit que les autres vont trop lui en demander par rapport à ce qu’il peut donner, ce qui le conduira à l’épuisement. Aussi, peu importe l’envergure de ses compétences et accomplissements, il préfère protéger son identité sous un pseudonyme ou s’effacer derrière son travail. Il peut également créer une persona (l’ermite mystérieux, le misanthrope…) afin de justifier cette coupure avec les autres.

La présence d’une aile 6 (celle que l’INTJ a le plus tendance à développer) provoque un paradoxe, puisqu’elle amène un besoin d’appartenance au groupe, d’allégeance à une entité protectrice… L’INTJ 5 avec cette aile se retrouve donc écartelé entre l’envie d’entretenir sa vie sociale et la nécessité vitale de garder son indépendance, ainsi que la croyance bien ancrée que de toute façon, il n’y a pas de vraie place pour lui. On reconnaît l’aile 6 d’un INTJ à sa manière de jouer au loup solitaire au sein même de sa meute, de cracher sur les gens tout en montrant un vif intérêt pour eux, de chercher à s’intégrer puis de fuir subitement… Ce profil est particulièrement sujet à l’anxiété.

L’INTJ 5 aile 4 n’a pas tant de préoccupation pour la communauté et la dimension pratique des problèmes. Il présente une vision plus symbolique, provocatrice, et son rapport au savoir est davantage basé sur Ni-Fi que Ni-Te : la fascination pure atténue le besoin d’application concrète – ce qui renforce le faux-air d’INTP (5 aile 4 est d’ailleurs le profil le plus fréquent chez l’INTP). Éprouvant une certaine fierté à se détacher de la masse, il est plus enclin à s’intéresser à des sujets difficiles d’accès, à chercher des ouvrages rares pour le simple plaisir de les posséder, etc. Là où l’INTJ 5 aile 6 se dit « De quelle manière mon expertise va pouvoir servir à la société ? » (solutionneur), l’INTJ 5 aile 4 se dit « Quelle convention établie par le sens commun il serait utile de briser à l’aide de mon expertise ? » (iconoclaste). Tous les INTJ peuvent adopter ces deux approches, mais leur aile indique pour laquelle ils ont une inclinaison naturelle.

Asada Shino (aka « Sinon ») de Sword Art Online II est une INTJ en base 5 aile 6.

L’INTJ en base 1

Autre combinaison fréquente, l’INTJ 1. Très fidèle à ses principes, cet INTJ a toujours une idée précise de la bonne manière de faire. Sa dominante Ni est employée en priorité pour affiner les réflexions et les techniques jusqu’à trouver la solution parfaite. Il peut rejeter d’emblée les idées alternatives, car il croit fermement que les siennes sont meilleures. Souvent, il s’agit moins d’orgueil que d’un désir très fort de trouver la réponse la plus adaptée doublé d’une foi inébranlable en son intuition. Il est plus sensible que la plupart des autres INTJ au sens de la morale, ce qui peut être déterminant lorsqu’il sélectionne quelles informations garder ou rejeter.

Contrairement à son cousin en base 5, l’INTJ 1 n’hésite pas à faire la démonstration publique de son expertise dès que nécessaire. On lui a souvent reproché d’être un « monsieur je-sais-tout » à cause de sa manie de corriger ou diriger les autres. Ses hautes exigences personnelles sont prises pour acquis et projetées autour de lui, ce qui occasionne beaucoup de frustration. Son pilote Ni-Te combiné au filtre Fi trouve des solutions pour rendre le monde idéal, mais nourrit aussi la conscience aigüe qu’elles seront impossibles à mettre en œuvre à cause de l’incompétence et l’oisiveté notoire du genre humain. Cette idée rend l’INTJ 1 fou de rage en son for intérieur et peut le faire sombrer dans une profonde déprime. La position tertiaire de Fi ne l’aidant pas à traiter sainement ces états, il peut devenir très soupe au lait lorsqu’il est exposé au chaos.

L’INTJ 1 semble moins apathique et « flottant » que l’INTJ 5. Il est plus enclin à faire du bricolage chez lui, à organiser des événements, à participer à des débats un peu houleux, etc. Sa fermeté de caractère et son sens de l’honneur s’expriment souvent à travers un côté justicier. Lorsqu’il développe une aile 2 (avocat), il dispose d’une connexion aux autres qui adoucit son attitude, et le bien de la communauté prend une vraie place dans sa réflexion. Il peut cependant tomber dans un rôle de chevalier blanc et devenir dépendant de son image publique. Avec une aile 9 (idéaliste), l’INTJ 1 se montre moins expressif, plus détaché. Il nourrit un idéal impersonnel et se sent dépassé par cette vision, comme si une entité supérieure l’avait investi d’une mission. Selon le niveau de maturité, dans ce sentiment de transcendance, il opère avec humilité et désintéressement, ou bien se comporte en unique détenteur de la grande Vérité.

L’INTJ 1 peut être difficile à différencier d’un ISTJ, car sa base s’exprime en particulier à travers leur axe Te-Fi commun. (En outre, l’ennéatype 1 est l’un des plus fréquents chez les ISTJ.) La principale distinction est que la compulsion de l’INTJ se manifeste en premier lieu au niveau abstrait : en gros, il fait la police des idées avant la police des pratiques.

Gandalf du Seigneur des Anneaux est un exemple d’INTJ 1 idéalisé.

L’INTJ en base 6

L’INTJ 6 présente des traits contradictoires en apparence, puisque l’INTJ est l’un des types les plus indépendants d’esprit alors que le 6 a besoin, par essence, de s’appuyer sur une entité extérieure. Pourtant, si l’INTJ 6 n’est pas le profil le plus commun, on est loin du mouton à cinq pattes.

Cet INTJ utilise son Ni en priorité pour prédire les potentiels dangers. Avec sa capacité à se projeter très loin dans le futur, autant dire qu’il se promène souvent au sommet de l’échelle de Cassandre. L’INTJ étant rarement un individu débordant de sociabilité, ceux en 6 choisissent en général pour référence une haute autorité intellectuelle (un savant, un penseur, etc.) ou un ensemble de théories (scientisme, philosophie, etc.). Adhérer à une idée n’empêche pas d’en développer son approche personnelle : l’INTJ 6 va ainsi pouvoir jouir de la protection de cette autorité externe tout en gardant une marge d’indépendance. Ce sera par exemple un INTJ qui rédige des travaux en citant abondamment des figures qu’il admire, ou en refusant de s’écarter de la méthode prescrite par son mentor spirituel. En mode contrephobique, il peut se montrer agressif envers toute forme d’autorité intellectuelle, voire tremper dans le complotisme.

Plus que tous les autres, l’INTJ 6 fait preuve d’une loyauté sans faille dès lors qu’il a prêté allégeance. Il dépense énormément d’énergie pour tenir ses promesses et satisfaire ceux qu’il aime. Le perfectionnisme typiquement INTJ est ici dirigé vers le besoin de garder sa place au sein de la communauté chérie. L’INTJ 6 a tendance à penser que la moindre petite erreur va le condamner, amener son rejet radical et définitif du groupe, et ceci l’angoisse terriblement… Le défi pour lui sera donc de prendre confiance en ses capacités et en la bienveillance du groupe. (L’INTJ 5 aile 6 aura beaucoup en commun avec lui sur cet aspect, bien que la motivation soit différente.)

Twilight Sparkle de My Little Pony est une INTJ en base 6 (à dominante phobique).

L’INTJ en base 3

L’INTJ 3 s’éloigne assez de l’archétype INTJ basique. Sa dominante Ni est surtout utilisée pour calculer de quelle façon il pourrait réussir sa vie et s’élever en société. Très bon caméléon, il a tendance à mettre en avant ses exploits et à entretenir soigneusement son image publique (là où les autres INTJ font juste le minimum syndical pour être laissés tranquilles) : une aisance en société qui pourrait le faire passer pour un extraverti. De plus, l’expression de sa fonction Te est plus feutrée que chez la plupart des autres INTJ, évoquant parfois presque du Fe. Contrairement à l’INTJ classique, l’INTJ 3 il n’a en général pas de difficultés à se lier à d’autres individus et à les inclure harmonieusement dans ses plans. Les flemmards et autres gêneurs ne sont pas plus estimés qu’à l’accoutumée, mais il a le compliment plus facile pour les collaborateurs compétents, voyant davantage l’intérêt d’encourager les troupes.

L’INTJ 3 rejoint les autres variantes de l’INTJ dans sa grosse capacité de travail, ce qui arrange bien son caractère ambitieux. Il peut se montrer très compétitif et stratège, mais contrairement au 8, sa conscience sociale élevée lui évitera de provoquer inutilement du grabuge. A un stade d’intégration sain, il utilisera l’énergie du 3 pour déployer ses capacités réelles, au lieu de se contenter d’un affichage gratifiant mais superficiel. Les principaux points faibles de cet INTJ seront un excès d’effort au travail nuisant à sa santé, ainsi qu’une trop forte confiance en lui. L’angle mort Se risque de lui mettre des bâtons dans les roues alors qu’il se croyait intouchable.

Lord Baelish de Game of Thrones est un exemple d’INTJ 3.

L’INTJ en base 8

Vu de l’extérieur, la différence entre cet INTJ et un ENTJ peut être impossible à faire. L’INTJ 8 s’appuie sur une fonction Te particulièrement solide : il a un leadership naturel, une force de travail impressionnante (même pour un IxTJ) et souvent beaucoup plus de présence qu’un INTJ de profil plus classique. Et pourtant, en authentique introverti, il est bel et bien fatigué par les interactions sociales et a besoin de temps seul pour récupérer. Il dispose aussi d’une conscience émotionnelle plus élevée qu’un ENTJ, bien que sa compulsion d’évitement de la faiblesse puisse l’amener à mépriser cette part de lui. De tous les INTJ, il est sans doute le plus sujet au risque d’épuisement par manque d’écoute de soi.

La fixation du 8 (puissance, courage) s’exprime surtout sur le plan intellectuel : ambitieux, l’INTJ 8 aime utiliser ses compétences pour prendre la tête de grands projets. Il est excessif dans ses réactions et provoque des conflits, par manque de contrôle ou par plaisir de provoquer des joutes intellectuelles, même quand cela n’est pas forcément constructif. Il sait reconnaître et respecter ceux qui atteignent sa barre, mais ne montre pas de sensiblerie pour les autres. Perçus comme des obstacles à l’accomplissement de sa vision, ils sont écartés automatiquement de son chemin. Les INTJ 8 matures peuvent cependant chercher à s’entourer de quelques présences plus douces, afin de développer leur sphère socio-affective à leur rythme.

Yennefer de The Witcher peut être identifiée comme une INTJ en base 8

L’INTJ en base 9

Nous arrivons dans la zone des spécimens collectors (déjà que vous ne croiserez pas des INTJ 3 ou 8 à chaque coin de rue…). A partir d’ici, je suis plus dans l’hypothèse que la description, ayant vu trop peu d’INTJ dans ces bases pour dégager une vision claire de ces combinaisons. Il est rare de croiser un INTJ 9. D’ailleurs, les personnes se déclarant INTJ 9 sont généralement INTP, ISTP, INFP ou INFJ en réalité. Ou des INTJ 5 qui ont mal appris leur leçon. Le 5 et le 9 se ressemblent en effet à bien des égards, puisqu’ils partagent la blessure de rejet. Dans les deux cas, nous avons un individu qui ne reconnaît pas ses propres besoins – voire sa propre existence – comme légitimes. Il croit qu’il dérange les autres par sa présence, qu’il est « de trop » sur cette planète. 

Toutefois à la différence du 5, qui part en quête de compétence et d’autonomie, le 9 pratique la narcotisation : puisque ses besoins ne sont pas légitimes, autant faire comme s’ils n’existaient pas. Là où l’INTJ 5 utilise Ni pour réaliser un intense travail d’introspection et développer divers compétences de survie, l’INTJ 9 va plutôt se servir de Ni pour créer un univers alternatif confortable où se réfugier. Il peut se plonger dans ses activités favorites, comme la lecture, l’étude de la Science ou la spiritualité, afin de ne pas affronter ses difficultés du quotidien. La fonction Te est fortement influencée par Fi lorsque l’INTJ partage son monde aux autres, lui donnant souvent un faux-air de Fe. Cet INTJ peut être particulièrement embêté dans ses relations sociales, puisqu’il doit gérer la contradiction entre sa compulsion de 9 (éviter les conflits, ne pas rompre la sensation de fusion avec l’autre…) et le besoin d’efficacité de Te, qui donne aux INTJ leur habituelle franchise.

L’INTJ en base 4

Combinaison rare et difficile à cerner. L’INTJ est un type particulièrement attaché à la notion de Vérité : et si la Vérité existe, pour lui, elle est objective. Il développe généralement un esprit critique très aiguisé, afin de canaliser son intuition et s’affranchir au maximum de ses biais cognitifs – qu’il est tout à fait conscient d’avoir. L’ennéatype 4 appréhende le monde à travers le prisme de ses émotions et tend à les considérer comme plus vraies que la réalité tangible elle-même. Comprenez mon lever de sourcil quand quelqu’un affirme incarner la combinaison des deux : dans la majorité des cas, il s’est trompé sur au moins l’un des deux typages.

A première vue, l’INTJ 4 semble assez similaire au 5 : réservé, mystérieux, il passe le plus clair de son temps seul à explorer son monde intérieur très dense et complexe. Il s’appuie particulièrement sur son binôme Ni-Fi et entretient des états d’âmes houleux. Bien qu’il se sente torturé par ces tourbillons émotionnels et ces visions étranges, il en a également besoin pour propulser ses réflexions. Chez cet INTJ, la compulsion d’évitement de la banalité est souvent déplacée sur le champ intellectuel : envieux de ceux qui maîtrisent mieux les choses que lui, il réalise moult efforts pour améliorer ses compétences, mais peine à se sentir satisfait du résultat. Quand il s’agit de ses relations amoureuses, son perfectionnisme n’a plus de limites : il peut attendre l’âme sœur pendant de très longues années, tout en élaborant minutieusement ses plans afin que les choses se déroulent selon son idéal. Comme l’INTJ 8 ou 6 contrephobique, il est en général provocateur, peut s’habiller de manière voyante ou être cassant avec les autres pour marquer son appartenance à une « caste » fantasmée.

L’INTJ en base 7

Combinaison très contradictoire : si elle existe, elle est particulièrement rare. La base 7 induit une recherche compulsive de plaisir, que l’individu va assurer grâce à un tempérament ouvert. Il est attentif aux opportunités et se tient prêt à virer de bord dès qu’une occasion plus favorable se présente. Il est excité par la nouveauté et fuit instinctivement les situations désagréables. Par conséquent, il lui est difficile de rester constant dans ses envies et ses projets. Les individus en base 7 sont majoritairement des ExxP (c’est-à-dire des hauts utilisateurs de Se ou Ne). Le binôme Ni-Te induit au contraire un besoin fort de structure intérieure et la poursuite d’une vision abstraite extrêmement stable dans le temps. Les INTJ détestent qu’on les empêche de poursuivre leurs objectifs : il est épuisant pour eux d’être exposés à des imprévus ou à des digressions jugées inutiles. En outre, ils craignent rarement de faire face aux réalités désagréables (je dirais même plus : ils vont les chercher !) et ont tendance à sacrifier leur bien-être dans la poursuite de leurs entreprises. Il faut plusieurs décennies de travail à un INTJ pour apprendre à se reposer, apprécier un peu de bazar et d’oisiveté dans le fil de son existence… Bref, l’INTJ incarne à peu près l’inverse des caractéristiques du 7.

Les INTJ se prétendant d’ennéatype 7 sont généralement des INTJ 5 ou 1 intégrés ou désintégrés durablement dans cette base. Ou alors, ils sont bien en base 7, mais absolument pas INTJ. Si les INTJ en base 7 existent, ils ne ressemblent donc pas à l’archétype habituel du 7. Je n’en ai personnellement jamais croisé. Théoriquement, leur Ni-Te travaillerait en étroite collaboration avec Se pour assurer l’avenir le plus agréable possible. Il s’agirait sans doute d’un genre de « compulsion reportée », insistant à fond sur l’aspect planificateur du 7.

L’INTJ en base 2

Combinaison si hautement improbable que je doute même de son existence. Il faut avoir trempé le bébé dans des substances avant de le sécher à la centrifugeuse pour obtenir un résultat aussi dénué de cohérence. Et ce ne serait pas la fin de son calvaire, parce que si un jour je croise un INTJ 2, je le séquestre dans mon sous-sol au nom de la Science. Ai-je vraiment besoin d’expliquer pourquoi le concept d’INTJ d’ennéatype 2 atteint le paroxysme de la contradiction ?

L’ennéatype 2 se caractérise par la quête du statut de « sauveur », ou plus largement de personne aimante qui fait plaisir aux autres. La compulsion de cette base incite l’individu à donner de sa personne sans compter, quitte à travestir son identité ou séduire son interlocuteur pour qu’il se laisse chouchouter. Le 2 peut dépenser énormément d’énergie à satisfaire les autres en donnant l’impression d’être désintéressé, alors qu’il attend en réalité impatiemment des louanges. Par orgueil, il éprouve de grandes difficultés à reconnaître ses propres besoins. Il a généralement du mal à définir sa propre identité, à différencier ce qu’il aime réellement et ce qu’il fait pour répondre aux attentes de son entourage… L’INTJ est l’un des types les plus indépendants et individualistes du MBTI. Si certains INTJ apprécient beaucoup aider les autres, se sentir utiles, voire développent un petit côté « syndrome de l’infirmière », il est ahurissant d’imaginer un INTJ dans le complet renoncement de soi, ne pas poursuivre de vision, ignorer notoirement son besoin de solitude et de méditation… l’excès inverse le guette beaucoup plus ! Les INTJ très soucieux de leur image sociale et tournés vers les autres sont généralement des 1 aile 2, des 6 ou des 3.